Entretien avec Carole Nussbaum, cheffe de projets chez Creapole
Entretien avec Carole Nussbaum, cheffe de projets chez Creapole
#compréhension #patience #prudence
J’ai suivi mes écoles en Ajoie et effectué un apprentissage d’employée de commerce chez Schaublin SA à Delémont. Je suis restée trois ans dans cette entreprise après mon CFC en tant que salariée au département vente. Par la suite, j’ai travaillé auprès d’une agence de placement durant 6 ans.
En 2002, j’ai postulé chez Creapole, alors antenne de la promotion économique, comme conseillère assistante. Mon père et mon frère étant indépendants à l’époque, je comprenais bien les problématiques auxquelles devaient faire face les futurs entrepreneurs.
En parallèle à mon emploi, j’ai suivi la formation « devenir indépendant » proposée à l’époque par la promotion économique et destinée à toute personne désireuse de créer une entreprise. Par la suite, j’ai également suivi des cours du soir afin d’obtenir le certificat ASFC en management.
L’accompagnement en amont de la création d’entreprise. Cela se traduit par du conseil et des informations, principalement administratives, en lien avec la création d’entreprise.
Paradoxalement, l’aboutissement à la création d’une entreprise n’est pas ce qui m’importe le plus. Je me sens plus utile auprès de personnes encore indécises ou qui envisagent d’engager beaucoup d’argent (2ème pilier par exemple, épargne personnelle) et d’énergie dans un projet ayant peu de chance d’aboutir. Mon expérience et expertise évite à ces personnes de perdre beaucoup.
Mettre en garde les futurs créateurs et créatrices contre les « perturbations familiales » notamment que peut engendrer la création d’une entreprise (les démarches sont parfois laborieuses), sa gestion (les heures ne sont plus comptées) et parfois malheureusement sa « mort » sont à mon sens des éléments primordiaux.
Chaque nouveau projet qui m’est présenté est très souvent perçu par la personne qui le porte comme « LE » projet de sa vie. Je ne dois jamais perdre de vue cette vision, même s’il apparaît assez rapidement que l’activité ne sera pas viable pour différentes raisons. Tout mon travail réside dans le fait de faire prendre conscience à cette personne qu’elle doit renoncer à son projet en actionnant ses propres réflexions. Cette manière de travailler m’a été enseignée tout au début de ma collaboration chez Creapole et je continue de l’appliquer.
Être à son compte demande un engagement financier et personnel très important. On ne devient pas indépendant faute de trouver un emploi, même si cela peut être un élément déclencheur. Certaines personnes ont besoin de sécurité (par le biais d’un emploi) et d’autres sont plus aventureuses. Ces dernières doivent s’assurer que le projet qu’elles veulent mener répond bien à leur aspiration de carrière. Le jeu en vaut la chandelle, mais le prix est parfois lourd à payer pour avoir cette indépendance tant désirée. Le soutien des proches est déterminant car selon le statut juridique choisi, les répercussions en cas de difficultés financières peuvent être conséquentes pour toute la famille.
Après avoir bien compris la situation personnelle et professionnelle du porteur de projet, nous abordons les questions de base en lien avec la création d’entreprise : quel est le statut juridique le plus approprié à mon projet et à ma situation, quelles sont les assurances obligatoires et recommandées, quelles sont les démarches à réaliser (caisse de compensation, registre du commerce, TVA…). Pour les personnes inscrites à l’assurance-chômage, nous étudions la viabilité du projet pour déterminer si la mesure SAI (soutien à l’activité indépendante) peut être octroyée. Nous travaillons en lien étroit avec les conseillers/conseillères ORP de la région pour cet aspect-là de notre activité.