M. Prétot, quelle est l’histoire de l’entreprise ATHMOS Gallery ?
J’ai fait mes études à Neuchâtel à la HES de Conservation-Restauration du patrimoine.
Après 5 ans passés à Caritas Jura à développer les ventes des objets à haut potentiel, via la construction d’un réseau de professionnels du marché de l’art, des ventes par internet et au travers de partenariats notamment pour les ventes aux enchères, j’ai débuté mes activités à l’Hôtel des ventes Piguet à Genève, il y a bientôt 2 ans. J’y exerce encore toujours à temps partiel en tant que spécialiste en objet d’art.
Mon envie était de me lancer dans le marché de l’art dans le Jura. Il n’y a aucune structure telle que la nôtre ici. Je me suis donc formé avec les équipes de Piguet et lorsqu’il a été question de créer une Maison de vente aux enchères dans le Jura, ma collaboration avec Grégoire est entrée en force. Nous avons ainsi co-fondé ATHMOS Gallery à Courfaivre.
À nos côtés nous avons également Nicolas Safjan qui vient du domaine de l’art, dans la musique.
Nous nous complétons tous très bien, cela apporte une belle dynamique à notre entreprise.
Qu’est-ce qui vous a motivé à créer une entreprise et à vous lancer dans l’entrepreneuriat ?
Nous avons tout d’abord co-fondé une société simple, car nous souhaitions juger la pertinence de notre idée sur le marché. Très vite, nous avons eu des retours positifs, même au-delà de nos espérances. Ainsi nous avons créé la maison d’enchères.
En parallèle, nous avons construit notre business plan avec la Promotion économique du Canton du Jura et sommes retournés chez mes responsables chez Piguet pour leur demander d’intégrer l’actionnariat de notre nouvelle société. Nous sommes également soutenus financièrement, pour cette phase de lancement, par la Promotion économique pour les charges courantes de l’entreprise (loyer, salaires).
Au niveau opérationnel, nous sommes deux à gérer l’entreprise. Grégoire et moi-même pouvons ainsi conjuger à merveille nos deux métiers. Grégoire est logisticien de métier, c’est donc très utile et complémentaire à mon profil.
Quelles sont vos activités chez ATHMOS Gallery et à qui s’adressent-elles ?
Athmos Gallery est une maison de ventes généraliste. Nous nous intéressons à tous les domaines de l’art en général. Cela peut passer de l’art de la table à des peintures, des gravures, du mobilier vintage, des pièces de collection, de la bijouterie ou de l’horlogerie, etc.
Nous avons 3 grands pôles d’activités
- Tout d’abord, nous sommes actifs en tant que centre d’expertise pour privés et professionnels. Cela veut dire que sur la base d’une photo en premier lieu, puis sur place, nous pouvons réaliser une estimation d’un objet et définir sa valeur et intérêt sur le marché. Cela implique un grand travail de recherches ;
- Nous réalisons des expertises sur la réalisation d’inventaires successoraux ou d’assurance qui nécessitent des estimations professionnelles ;
- Nous transportons des objets, effectuons du stockage en attendant la mise en vente d’un objet et conservons les objets de ventes jusqu’à ce que le nouveau propriétaire vienne en prendre possession.
Parfois nous mettons également des privés en lien avec des musées ou des partenaires tels que brocanteurs ou antiquaires.
Concrètement, comment se passe une vente aux enchères avec ATHMOS Gallery ?
Tout d’abord, nous construisons nos ventes en définissant un lieu d’accueil et éventuellement une thématique associée.
Ensuite nous collectons des biens, réalisons des expertises, inventorions les pièces qui seront mises en vente et effectuons les démarches administratives et publicitaires (autorisations, réalisation des supports promotionnels, etc.)
Un travail très particulier est effectué afin de raconter le mieux que possible l’objet, soit sa composition, son histoire, son style, son créateur… et d’y ajouter une base photographique, de conjuger le côté commercial et publicitaire avant la vente.
Puis nous créons le catalogue de vente via des plateformes de ventes aux enchères (Drouot).
La vente aux enchères peut ensuite avoir lieu de plusieurs manières. Chez Athmos Gallery, nous optons pour une vente à la criée (au marteau, avec la participation du public en salle) et, en parallèle, nous ouvrons une vente online pendant une dizaine de jours à cheval avec la vente à la criée.
Lors de notre dernière vente aux enchères, nous avons vendu pas moins de 200 pièces à la criée et 280 pièces online.
Le jour de la vente aux enchères, nous exposons les pièces dès le matin. En début d’après-midi, la vente à la criée à lieu. Elle s’effectue par un commissaire-priseur et toute une équipe est là pour les nombreux postes qu’un tel événement demande (prise du pv, présentation des lots, caisses, guichet d’inscription, etc.)
Dès la fin de la vente, les acheteurs peuvent repartir avec leur objet et la facture.
Après la vente, les acheteurs ont un mois pour récupérer leur objet et le payer. En cas de besoin, un transport peut être organisé.
Les invendus sont reproposés aux potentiels acheteurs pendant une période après la vente. Parfois cela se fait avec une réduction sur le prix de vente, en accord avec le client.
Si vous deviez avoir la vente aux enchères de votre plus belle pièce, laquelle serait-elle ?
Nous avons eu la chance de déjà l’avoir eue.
Nous avons effectivement vendu une toile de Robert Fernier, l’élève de Gustave Courbet. Cette peinture représentait un paysage de Montfaucon et nous l’avons vendue à plus de CHF 6'000.00 (hors taxe)
Et que pensez-vous de la vente aux enchères de NFT ?
Pour nous la question semble assez claire. Le lien avec la cryptomonnaie est évidente pour nous. Dans le milieu des enchères on en parle très peu chez nous.
Même du côté des marchés à Genève ce n’est pas prépondérant.
Un objet acheté a besoin de matérialité à un moment donné et c’est encore trop abstrait pour le moment. Nous préférons clairement partir sur des objets qui évoquent des coups de cœur et qui sont matériellement existantes.