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Le Jura accueille une jeune maison de vente aux enchères

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Un bâtiment emblématique du Jura, les anciennes usines Condor à Courfaivre accueillent différentes entreprises dont Athmos Gallery.
Je rencontre pour la première fois Baptiste Prétot et Grégoire Steger pour qu’ils me livrent leurs impressions sur leur aventure entrepreneuriale.
Dès mon accueil par Grégoire, je remarque immédiatement ses sneakers Nike. Un passionné de baskets. Et cette passion, Baptiste en est aussi animé. On la ressent dans son envie de m’expliquer ses activités en détail et sa rapidité de parole.
Les deux amis se connaissent de longue date par le biais du basket. Leurs liens vont même au-delà du domaine professionnel, car Gregoire est un ami proche de la famille de Baptiste.
Le soutien familial qu’ils reçoivent est essentiel à leurs activités et développement. Ils en sont très reconnaissants et c’est un élément important pour eux.

M. Prétot, quelle est l’histoire de l’entreprise ATHMOS Gallery ?

J’ai fait mes études à Neuchâtel à la HES de Conservation-Restauration du patrimoine

Après 5 ans passés à Caritas Jura à développer les ventes des objets à haut potentiel, via la construction d’un réseau de professionnels du marché de l’art, des ventes par internet et au travers de partenariats notamment pour les ventes aux enchères, j’ai débuté mes activités à l’Hôtel des ventes Piguet à Genève, il y a bientôt 2 ans. J’y exerce encore toujours à temps partiel en tant que spécialiste en objet d’art.
Mon envie était de me lancer dans le marché de l’art dans le Jura. Il n’y a aucune structure telle que la nôtre ici. Je me suis donc formé avec les équipes de Piguet et lorsqu’il a été question de créer une Maison de vente aux enchères dans le Jura, ma collaboration avec Grégoire est entrée en force. Nous avons ainsi co-fondé ATHMOS Gallery à Courfaivre

À nos côtés nous avons également Nicolas Safjan qui vient du domaine de l’art, dans la musique.

Nous nous complétons tous très bien, cela apporte une belle dynamique à notre entreprise.

Qu’est-ce qui vous a motivé à créer une entreprise et à vous lancer dans l’entrepreneuriat ?

Nous avons tout d’abord co-fondé une société simple, car nous souhaitions juger la pertinence de notre idée sur le marché. Très vite, nous avons eu des retours positifs, même au-delà de nos espérances. Ainsi nous avons créé la maison d’enchères.

En parallèle, nous avons construit notre business plan avec la Promotion économique du Canton du Jura et sommes retournés chez mes responsables chez Piguet pour leur demander d’intégrer l’actionnariat de notre nouvelle société. Nous sommes également soutenus financièrement, pour cette phase de lancement, par la Promotion économique pour les charges courantes de l’entreprise (loyer, salaires).

Au niveau opérationnel, nous sommes deux à gérer l’entreprise. Grégoire et moi-même pouvons ainsi conjuger à merveille nos deux métiers. Grégoire est logisticien de métier, c’est donc très utile et complémentaire à mon profil.

Quelles sont vos activités chez ATHMOS Gallery et à qui s’adressent-elles ?

Athmos Gallery est une maison de ventes généraliste. Nous nous intéressons à tous les domaines de l’art en général. Cela peut passer de l’art de la table à des peintures, des gravures, du mobilier vintage, des pièces de collection, de la bijouterie ou de l’horlogerie, etc.

Nous avons 3 grands pôles d’activités

  1. Tout d’abord, nous sommes actifs en tant que centre d’expertise pour privés et professionnels. Cela veut dire que sur la base d’une photo en premier lieu, puis sur place, nous pouvons réaliser une estimation d’un objet et définir sa valeur et intérêt sur le marché. Cela implique un grand travail de recherches ;
  2. Nous réalisons des expertises sur la réalisation d’inventaires successoraux ou d’assurance qui nécessitent des estimations professionnelles ;
  3. Nous transportons des objets, effectuons du stockage en attendant la mise en vente d’un objet et conservons les objets de ventes jusqu’à ce que le nouveau propriétaire vienne en prendre possession.

Parfois nous mettons également des privés en lien avec des musées ou des partenaires tels que brocanteurs ou antiquaires.

Concrètement, comment se passe une vente aux enchères avec ATHMOS Gallery ?

Tout d’abord, nous construisons nos ventes en définissant un lieu d’accueil et éventuellement une thématique associée.
Ensuite nous collectons des biens, réalisons des expertises, inventorions les pièces qui seront mises en vente et effectuons les démarches administratives et publicitaires (autorisations, réalisation des supports promotionnels, etc.)

Un travail très particulier est effectué afin de raconter le mieux que possible l’objet, soit sa composition, son histoire, son style, son créateur… et d’y ajouter une base photographique, de conjuger le côté commercial et publicitaire avant la vente.

Puis nous créons le catalogue de vente via des plateformes de ventes aux enchères (Drouot).

La vente aux enchères peut ensuite avoir lieu de plusieurs manières. Chez Athmos Gallery, nous optons pour une vente à la criée (au marteau, avec la participation du public en salle) et, en parallèle, nous ouvrons une vente online pendant une dizaine de jours à cheval avec la vente à la criée.

Lors de notre dernière vente aux enchères, nous avons vendu pas moins de 200 pièces à la criée et 280 pièces online.

Le jour de la vente aux enchères, nous exposons les pièces dès le matin. En début d’après-midi, la vente à la criée à lieu. Elle s’effectue par un commissaire-priseur et toute une équipe est là pour les nombreux postes qu’un tel événement demande (prise du pv, présentation des lots, caisses, guichet d’inscription, etc.)

Dès la fin de la vente, les acheteurs peuvent repartir avec leur objet et la facture.

Après la vente, les acheteurs ont un mois pour récupérer leur objet et le payer. En cas de besoin, un transport peut être organisé.

Les invendus sont reproposés aux potentiels acheteurs pendant une période après la vente. Parfois cela se fait avec une réduction sur le prix de vente, en accord avec le client.

Si vous deviez avoir la vente aux enchères de votre plus belle pièce, laquelle serait-elle ?

Nous avons eu la chance de déjà l’avoir eue.
Nous avons effectivement vendu une toile de Robert Fernier, l’élève de Gustave Courbet. Cette peinture représentait un paysage de Montfaucon et nous l’avons vendue à plus de CHF 6'000.00 (hors taxe)

Et que pensez-vous de la vente aux enchères de NFT ?

Pour nous la question semble assez claire. Le lien avec la cryptomonnaie est évidente pour nous. Dans le milieu des enchères on en parle très peu chez nous.
Même du côté des marchés à Genève ce n’est pas prépondérant.

Un objet acheté a besoin de matérialité à un moment donné et c’est encore trop abstrait pour le moment. Nous préférons clairement partir sur des objets qui évoquent des coups de cœur et qui sont matériellement existantes.

En parlant de coup de cœur, quand pourra-t-on assister à votre prochaine vente aux enchères ?

Elle aura lieu le 22 avril prochain à Delémont, en partenariat avec Cinemont. Ce sont ces gens très motivés et ouverts. Des partenaires de qualité tels que nous les appréciont.

Notre pièce coup de cœur sera probablement la montre ROLEX. Un modèle Oyster perpetual.

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Où est située votre entreprise ?

Nous avons la chance d’être établis dans un lieu d’exception, riche en valeur pour le patrimoine jurassien et lié à l’histoire. Nous sommes dans les anciennes usines Condor. La famille Biétry est très active et réceptive à nos activités. Ils sont partenaires de ce que nous faisons et cela apporte de la valeur à nos échanges.

Cet endroit se conforte bien à nos activités, car nous avons une salle juste à côté de nos locaux pour y effectuer les ventes aux enchères.

Nous avons également plaisir à faire le lien ici avec d’autres locataires, comme l’atelier SEDES, tapissière, qui s’occupe de restaurer la garnitures et revêtement de meubles.
Il y a également un réparateur de vélo dans les locaux.

La situation géographique est intéressante, nous avons une gare juste devant le bâtiment, nous sommes proches de Delémont.

Quels sont vos objectifs pour l’année 2023 ?

Pour 2023 nous avons comme objectif de réaliser en tous cas 3 ventes aux enchères.

Nous souhaitons créer une communauté et initier la population au modèle de la vente aux enchères. Il nous parait important de démocratiser les ventes aux enchères et de démontrer qu’il ne s’agit pas d’événements réservés à une élite ou à des actions sous le manteau.

Nous aimerions également créer de nouveaux partenariats.

Et si vous deviez avoir une vision à moyen terme, quels seraient vos accomplissements dans 3 ans ?

Nous souhaitons devenir une maison de ventes reconnue par nos paires suisses.

Notre ambition est également d’avoir un modèle durable qui crée une émulation autour du marché des enchères et plus spécifiquement autour du marché de l’art. Nous pensons qu’il y a un vrai potentiel pour l’art au niveau professionnel.

Et évidemment, nous souhaitons nous développer et engager plus de monde. Dans le but de cataloguer plus d’objets et réaliser plus de vente. Augmenter nos moyens structurels sera également une étape en ce sens.

D’autres pistes sont également dans nos réflexions. Notamment un service d’expédition et de livraison/transport d’objets d’art, qui pourrait également satisfaire les musées.

Qu’est-ce qui fait de vous des entrepreneurs ?

[Gregoire] Baptiste m’a beaucoup intégré dans son projet et il m’a transmis sa fibre entrepreuriale et cette envie de se créer une chouette vie et de créer quelque chose.

[Baptiste] La passion qui m’anime, c’est mon métier. Avoir de la passion est mon moteur de base et ce qui me donne l’énergie et la volonté d’aller jusqu’au bout. Il faut avoir des convictions, proposer des choses concrètes. 

Quels sont vos plus grands défis/obstacles dans votre quotidien en tant qu’entrepreneurs ?

Pour notre projet, les nombreuses démarches administratives et (ré)expliquer notre entreprise et ses particularités aux autorités et pôles de compétences concernés par nos activités.
Le marché de l’art suscite parfois de vieux clichés ou « fantasmes » qui le desservent, cela provenant avant tout d’un manque de connaissance ou de raccourcis maladroits.
Étant également la seule entreprise du genre aux alentours accentue considérablement cet aspect. Cela est quelque peu chronophage, il faut du temps et de l’énergie, mais nous en avons. De plus, nous sommes très bien suivis et épaulé par le Canton, via son Département de la Promotion Economique et par Creapole également. 

A contrario, quelle est la plus grande satisfaction que vous ayez ressentie depuis que vous avez co-créé votre entreprise ?

Avec beaucoup d’enthousiasme nous pouvons dire que c’est notre première vente aux enchères, qui a été un gros succès et qui s’est déroulée sans aucun couac.
Il n’y a eu aucune casse avant la vente, la vente en soi s’est très bien déroulée, le paiement des acheteurs a été fluide, le jour J il y avait une très bonne ambiance.

Pour nous c’était une expérience géniale.
 

Comment valorisez-vous l’accompagnement de Creapole ?

Dans le cadre de vos activités, vous avez fait appel à Creapole pour obtenir un accompagnement. De quoi aviez-vous besoin et de quelle façon vous a-t-il été favorable ?

Nous souhaitions avoir une vision externe et un avis objectif sur notre plan financier et notre business plan avant de le présenter au Canton.

Cet accompangement nous a été très favorable, tant dans la construction de notre business plan que dans la réalisation de notre projet. Nous avons pub bénéficer des liens privilégiés de Creapole avec le Canton du Jura.

Notre coach, Frédéric Baetscher, a été un de nos partenaires qui était très ponctuel dans ses réponses. Il a démontré de l’intérêt pour notre projet et il nous a apporté des indications concrètes. Il a été là pendant la construction du projet, lors de sa concrétisation et son suivi après.

En quelques mots, quelle serait votre recommandation au sujet de Creapole ?

Creapole apporte un très bon regard externe. Il nous semble opportun de présenter tout business plan et projection financière lorsque ceux-ci sont en phase finale et que le projet est déjà bien construit.

Quels seraient les points d’amélioration de notre accompagnement selon vous ?

Faire encore plus parler de vous ! Car votre aide est précieuse et concrète !

Retrouvez leur interview filmée ici

Propos recueillis et transcrits par Franziska Zenger