Gladys Winkler, dans le canton du Jura, vous êtes une personne connue de divers cercles professionnels grâce à vos compétences et votre riche parcours.
Vous avez pris vos nouvelles fonctions au sein de Creapole ce début d’année 2024, quelles étaient vos motivations ?
Je souhaite avoir un impact sur le territoire jurassien, qui m’a vu grandir, et contribuer à sa résilience.
Or, une bonne santé de l’économie, sa capacité à travailler en réseau et à innover constituent des facteurs-clés de cette résilience. Je me réjouis donc de mieux connaître les acteurs de l’économie jurassienne et de les appuyer dans les défis, nombreux, qu’ils ont à relever. Qu’il s’agisse de digitalisation, d’intelligence artificielle ou de durabilité, les enjeux sont de taille. Les entreprises doivent également considérer leurs collaborateur-trices comme des parties prenantes à part entière, s’appuyer sur leurs connaissances et compétences et les encourager à se former, à conserver leur employabilité, dans un monde en accélération, où ne pas évoluer signifie en fait régresser. Et bien sûr, j’espère aussi acquérir de nouvelles compétences et une meilleure compréhension des enjeux économiques.
Vous avez travaillé chez Creaholic SA à Bienne, notamment en tant qu’inventeuse professionnelle. En quoi cela consistait-il ?
J’accompagnais notamment les entreprises dans le développement de produits et services innovants et la mise en place d’une culture de l’innovation.
Il s’agissait de créer un cadre favorable à l’innovation, en mettant la personne au centre, que ce soit le client ou le collaborateur. On parle ainsi de conception centrée sur l’humain (« human centered designed »). Si les collaborateur-trices disposent d’un cadre de travail et d’outils qui leur permettent d’explorer de nouvelles pistes, l’entreprise continuera à avoir du succès et restera pérenne.
Je faisais en particulier partie de l’équipe « Future Thinking », une forme de prospective, plus créative que la manière traditionnelle. J’ai beaucoup appris et j’ai eu beaucoup de plaisir à imaginer et concevoir, avec nos clients, des futurs souhaitables sur la base de signaux faibles et ensuite à définir des pistes pour y arriver. Chez Creaholic, l’intelligence collective est au centre, par exemple avec des ateliers. Le travail est toujours réalisé en équipe pluridisciplinaire, y compris avec le client avec lequel on forme des équipes de base pour trouver des solutions sur mesure. J’avais des collègues ingénieurs en mécanique, en design industriel, en chimie, d’autres étaient économistes ou encore docteur en psychologie. Ces parcours différents enrichissent la réflexion et nous poussent à aller plus loin, à challenger nos clients pour sortir des sentiers battus.
Vous passez de Crea holic à Crea pole
La créativité/création occupe-t-elle une place prédominante dans vos activités professionnelles ?
J’ai besoin d’explorer régulièrement de nouveaux horizons, de nouveaux sujets.
Ma bibliothèque déborde et j’ai dû en apporter une grande partie au bureau. J’écoute aussi beaucoup de podcasts. Ces éléments me fournissent de l’inspiration pour ensuite développer et concrétiser de nouvelles idées dans mon travail. J’adore explorer de nouvelles pistes. Pour autant, je dois avouer que je ne suis pas très habile de mes mains et franchement nulle en bricolage et couture. Ma créativité s’exprime donc sous d’autres formes.
Au sein de Creapole, vous serez le fer de lance d’une équipe 100% féminine.
Comment vous situez-vous par rapport à cette composition ?
Disons qu’elle fait le pendant de l’équipe 100% masculine du conseil d’administration. Même si nous sommes toutes des femmes, nous avons des parcours et des compétences très différentes. Nous nous complétons bien.
Cela étant, si nous avons l’opportunité de compléter l’équipe, le regard d’un homme pourrait apporter une perspective différente, également enrichissante.
La tendance au niveau des dirigeants nouvellement nommés, tout comme les mandats de présidence, est d’affirmer que les 100 premiers jours sont essentiels.
Quels sont les défis que vous souhaitez relever dans cette première étape ?
Je vais notamment rencontrer de nombreuses personnes pour mieux comprendre les attentes, saisir les enjeux.
Cette phase d’empathie, de compréhension du système est essentielle pour développer des solutions qui correspondent aux besoins. Vu les ressources limitées de Creapole et surtout tout ce qui existe par ailleurs, il est essentiel de conclure ou renforcer les partenariats avec les acteurs existants. Je pense notamment à la Promotion économique, à BaselArea, Energie du Jura, TalentisLab ou aux associations faîtières. Sans oublier le monde académique.
Je vais bien sûr continuer aussi les projets entamés par Frédéric, mon prédécesseur. Le projet Swiss Renov va également me prendre du temps.
Quoi qu’il en soit, il est important pour moi de rapidement réaliser des projets concrets, de tester et d’expérimenter et d’ajuster ensuite ce que nous proposons.
Je me réjouis d’ores et déjà de partager mon récit de ces 100 premiers jours.